Chroniques d'après humanité (2)

Introduction

Dans Chroniques d’après-humanité 2, j'explore un futur où la magie, l’émotion et la mémoire deviennent des terrains de lutte autant que des refuges. Quatre nouvelles, quatre mondes où l’extraordinaire glisse dans le quotidien pour interroger ce qui reste de nous lorsque nos émotions, nos récits ou nos souvenirs sont manipulés. Entre poésie, fantastique et satire sociale, ce recueil dévoile des personnages qui tentent, chacun à leur manière, de reconquérir leur humanité. Chroniques d’après-humanité 2 s’impose ainsi comme un hommage à notre capacité à résister, à créer, à sentir — bref, à rester humains, même quand tout semble conspirer pour nous en éloigner.

1. L’île aux histoires

Jonas, marin solitaire encore hanté par la perte, découvre une île qui matérialise les récits qu’on murmure à son sujet. Merveilleuse sous les intentions pures, l’île se tord, s’assombrit et se corrompt dès que des chercheurs de fortune s’y aventurent pour en exploiter les secrets. Guidé par un renard bleu qui semble connaître son âme, Jonas atteint le cœur vivant et cosmique de l’île, purifie la source de ses métamorphoses et en devient le gardien.
Pourtant, certains marins prétendent qu’à certaines marées, l’île change encore de forme… comme si elle écrivait désormais seule ses propres histoires.

2. Un fantôme attachant

Fraîchement installée dans un appartement trop abordable pour être normal, Chloé découvre qu’elle cohabite avec Bertrand, fantôme comptable maniaque obsédé par les diaporamas PowerPoint. De frayeurs en négociations, ils organisent une cohabitation parfaitement absurde où corvées, émotions et hantises deviennent des tableurs à optimiser. À mesure qu’ils se rapprochent, Bertrand affronte enfin son trauma post-mortem… avant d’obtenir sa “promotion” dans l’au-delà.
Et certains soirs, quand le miroir s’embue sans raison, Chloé jurerait que les sous-titres sarcastiques sur ses séries changent selon son humeur.

3. L’inventeur de chagrins

Dans un futur où les émotions naturelles ont été éradiquées, Émile Tourmente fabrique des sentiments artificiels comme un parfumeur mélangerait ses essences. Lorsqu’il rencontre Iris, femme mystérieuse insensible à ses produits mais capable de ressentir encore des émotions authentiques, son monde s’effondre et renaît. Ensemble, ils déclenchent un réveil émotionnel planétaire, fracturant une société bâtie sur l’indifférence.
Mais certains dossiers confidentiels suggèrent qu’Iris et les siens n’étaient peut‑être pas les derniers dépositaires de l’humanité… seulement les premiers éveillés.

4. Le Bureau des Oublis

Dans une société où chaque citoyen doit effacer un souvenir à dix-huit ans, Mathis est opérateur d’effacement, gardien docile d’une amnésie institutionnalisée. Jusqu’au jour où Clara — son premier amour — s’assoit dans son bureau pour oublier précisément leur histoire. Cette faille intime déclenche une rébellion souterraine d’effacés, bien décidés à exposer les dégâts psychologiques et politiques de ce système de mémoire mutilée.
Et dans les archives les plus anciennes, certaines pages effacées laissent deviner une vérité plus vaste : le Bureau n’a peut-être pas été créé pour oublier… mais pour cacher ce qui ne devait jamais revenir.

Conclusion

Ces quatre histoires rappellent que, même face à la magie capricieuse, à la mort têtue, à la société anesthésiée ou à l’amnésie imposée, quelque chose en nous persiste : le désir de sentir, de se souvenir, de résister. Chroniques d’après-humanité 2 montre ainsi que l’humanité ne disparaît jamais tout à fait. Elle renaît dans les fissures, portée par ceux qui refusent de laisser leurs émotions, leurs récits ou leurs souvenirs leur être arrachés.